LE PELICAN

Publié le par Sophie Landowski

Il faudrait sortir. Marcher, un pied devant l’autre et regarder le ciel. Peut-être alors qu’une aide viendrait. Sens-tu le vent léger ? Ne te moque pas. Le vent sèche les larmes et fait oublier un peu. Tant de plaintes, mais je n’entends rien. Je suis là, assise, ignorante. Les cris pourtant montent si tu écoutes bien. Les cris des enfants, les cris des femmes, les cris des bêtes. Pourquoi n’entends-je rien ? Et vous ? Etes-vous sourds aussi ? Pourquoi la longue route efface-t-elle les rumeurs de mort ? Je ne vois que l’illusion, que le mensonge. Il faut bien se lever le matin. Alors credo in unum deum, patrem omnipotentem … Il fait beau. Les fleurs jaunes du forsythia sont en train de naître. Rien d’autre n’existe peut-être. C’est la bonne règle du jeu. Tu peux sourire et admirer. Cela aussi. Autrefois, la guerre, c’était « il y a la guerre chez eux », ou « il y a eu la guerre de 39 à 45 ». C’était bien. Tout le monde avait compris. Clair et net. Nous avons pleuré nos morts, les fleurs se sont fanées et les décorations sont au tableau.

Aujourd’hui les papillons meurent. Tu sais, ceux qui ont tant battu des ailes que les espoirs au loin se sont perdus.

Elle a renversé sa chaise. Ouvre-toi, porte blindée ! Laisse entrer le vacarme ! Ne crains pas le tourbillon qui effleure ta cuirasse ! Elle est invincible, plus solide que le mensonge. Donne ! Nourris de tes entrailles tous les fantômes dont tu es ! Qui perd gagne ! Amen.

Publié dans Littérature

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