CHRISTIAN CIUCA, chef d'orchestre.

Publié le par Sophie Landowski

Il n’entre pas dans l’imagerie du chef d’orchestre. De taille moyenne, discrètement athlétique, il a la coupe de cheveux du collégien sage, assez courte pour que rien de bouge, porte cachemire sur jean chic. C’est en somme un homme jeune d’allure sobre et de bon ton. Rien n’annonce une quelconque tempête intérieure. Le gendre idéal.

Et pourtant …

Un jour de grand beau temps, je me suis approchée de lui. Sa pupille reflétait le soleil et, malgré la lumière éblouissante, restait dilatée, m’offrant grande ouverte la porte de son âme.

Je franchis le cercle chamanique de l’iris noir comme jais. Mal m’en prit. A peine posai-je le pied au delà de son regard que je fus happée toute entière dans une tornade qui m’éleva au-delà du possible. Sans amarres, je compris qu’il m’invitait là où est sa demeure, un lieu où n’est point de repos.

Matrones, il n’épousera pas vos filles. Retournez sur vos pas ! Ici les embruns décoiffent ! Seules les sirènes chantent pour lui, ambassadrices d’un monde tourmenté auquel il aspire. Car lui fut fait au berceau un cadeau pervers du destin : l’oreille absolue …

« Je ne suis jamais heureux ! » laisse-t-il volontiers échapper. Vous recevez cette écume glacée en pleine figure, alors que, vous fiant à son sourire d’enfant, vous l’imaginiez sur la plage insouciant.

Vous aviez cru franchir le pas vers lui, mais vous n’êtes que dans l’antichambre de sa galaxie.

 

Sophie Landowski

Publié dans Littérature

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